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devait l’emporter chez lui ? on peut se le demander encore.

L’Essayiste

S’il est difficile de porter un jugement sur ce que Marcel Schwob eût donné comme historien, puisque nous n’avons plus que quelques chapitres de son François Villon, il nous est possible de juger l’essayiste qu’il a été. Le mot et la chose appartiennent à l’Angleterre. Les érudits sont chez nous des érudits, qui en prennent à leur aise avec la matière ou le style ; et nous ne connaissons guère la forme brève et poétique qui a tant de succès de l’autre côté de la Manche.

Marcel Schwob en donna chez nous un exemple remarquable dans son Spicilège. Ce recueil contient, à la suite d’une importante étude sur François Villon, un essai sur Robert-Louis Stevenson, de belles pages sur Meredith, diverses préfaces et des essais philosophiques sur la terreur et la pitié, la différence et la ressemblance, sur le rire, et des dialogues de forme platonicienne.

Les Vies imaginaires, qui parurent la même année (1896), sont sans doute le livre le plus achevé de Marcel Schwob. Dans ces essais de biographie, il a mis le meilleur de sa science historique, de son art et de son imagination. Il a tracé le portrait d’originaux comme les Illuminés de Gérard de Nerval. Mais chacun de ses portraits est plutôt l’occasion d’évoquer un temps. C’est une très singulière “Légende des Siècles”, une curieuse synthèse des mots de chaque auteur, un savant