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Le Voyage.

Oh ! sable
Si fin,
Qu’accable
Matin
Mon pas,
J’espère
Là-bas,
Repaire
Du jour,
Mourir !
Et le sable lui dit, en paraissant s’ouvrir :
Marche ! Marche toujours !

Douleur

Ziska, je t’entrevois, là-bas dans l’auréole,
Je te vois dans les airs. — Pour moi, pauvre, je vole
En pensant jusqu’à toi ; moi, je t’aime toujours.
— Oh ! Ziska, promets-moi, quand finiront mes jours,
De te tenir tout près, car ainsi nos deux âmes,
Toutes deux partiront pour les grands cieux de flammes.

Juin 1881.

Oubli

Oh ! dites, qu’est-ce donc que ce grand mot terrible ?
Oubli ! c’est bien cela ! L’oubli, c’est invisible,
C’est un vampire affreux qui suce le cerveau,
Etend son aile noire et noircit le caveau,
C’est un horrible ver qui décompose à l’ombre.
L’oubli, c’est invisible et pourtant c’est bien sombre.
Il loge dans le cœur. Quand la mer veut chercher