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Cissy, De la pourpre des mers à la pourpre des flots.

Mais nous, nous retenons surtout son pauvre cri : “Jamais plus je ne m’en irai.”

Quand il rentra à Paris, à la fin de mars 1902, Marcel Schwob ne donna aucune suite aux projets formés sur les mers. Il songe surtout au théâtre, depuis le succès qu’il a connu avec sa traduction de Hamlet. Il lit à Sarah Bernhardt la traduction qu’il commence de faire de Macbeth. On le voit souvent au Théâtre-Français, dans d’autres petites salles du boulevard où les music-hall le divertissent. Il est de plus en plus critique et acerbe. Il note avec joie les travers de ses contemporains, collectionne des betisiana qu’il adresse au “Mercure de France”. Ce fils de journaliste, journaliste brillant lui-même, qui écrit depuis des années au Phare de la Loire des “Lettres parisiennes”, conte la légende du journalisme et en fait la satire.

Ces pages, inspirées par Rabelais, deviennent les Mœurs des Diurnales, une sorte de “Manuel” ironique qu’il feint innocemment d’adresser à un candide débutant. Marcel Schwob signe ce livre d’un pseudonyme : Loyson-Bridet. Ainsi il s’amuse des mauvais artistes, lui qui depuis longtemps avait dit à Jules Renard qu’après les efforts des générations classiques et romantiques, il ne nous restait qu’une chose à faire, “bien écrire”.

En 1903, Marcel Schwob a quitté son second étage de la rue de Valois, pour s’établir dans une vieille maison de l’Ile-Saint-Louis, au no ii. Il a un bel appartement où il peut recevoir, dans ce vieux quartier de Paris qui l’enchante ; il y fait les honneurs de son esprit.

Il adresse à l’Echo de Paris les “Lettres à Val-