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Emmanuel Kant, second de six enfants, naquit à Kœnigsberg en Prusse — cité qui dans ce temps comptait environ 50.000 habitants — le 22 avril 1724. Ses parents étaient des gens de rang humble, point même assez riches pour leur situation, mais qui purent, grâce à l’aide d’un proche parent et à quelques subsides qu’y ajouta un gentilhomme qui les estimait pour leur piété et leurs vertus domestiques, donner à leur fils Emmanuel une éducation libérale. Il fut envoyé, enfant, à une école de charité, et en l’année 1732, passa à l’Académie Royale ou Académie de Frédéric. Là il étudia les classiques grecs et latins et entra en intimité avec un de ses camarades d’école, David Ruhnken (si connu plus tard des savants sous son nom latin de Ruhnkenius), intimité qui dura jusqu’à la mort de ce dernier. En 1737, Kant perdit sa mère, femme d’un caractère élevé, douée de qualités intellectuelles au-dessus de son rang, qui contribua à l’éminence future de son illustre fils par la direction qu’elle imprima à ses jeunes pensées, par la haute morale à laquelle elle l’astreignit. Kant ne parla jamais d’elle jusqu’à la fin de sa vie sans la plus extrême tendresse et sans une sérieuse reconnaissance des obligations qu’il devait à son soin maternel.

En 1740, à la Saint-Michel, il entra à l’Université de Kœnigsberg ; en 1746, âgé d’environ 22 ans il écrivit sa première œuvre sur une question demi-mathématique et demi-philosophique : l’Evaluation des forces vives. Ce problème avait d’abord été proposé par Leibniz en opposition aux cartésiens. C’était, déclarait Leibniz, une nouvelle loi d’évaluation, non point simplement une nouvelle évaluation ; et on admit que le problème avait enfin