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donnant en français l’aventure de Moll Flanders contée par Daniel de Foë. Et c’est un traducteur admirable, moins parce qu’il connaît si bien l’anglais que par l’art des équivalences, la vie créatrice qu’il insuffle à ses traductions. Ce beau livre paraît chez Ollendorf en 1895.

Puis Marcel Schwob tire de la lecture des hagiographes, des sermonnaires et des chroniques du Moyen Age ce merveilleux petit livre qu’est la Croisade des Enfants. Un livre très simple et sanctifié, un “petit livre miraculeux” selon la belle expression de Remy de Gourmont.

Depuis longtemps, depuis les bancs du collège, Marcel Schwob était préoccupé par l’art de la biographie. Il pensait que l’art du biographe consiste dans le choix singulier des faits, qu’il doit moins se préoccuper d’être vrai que de créer dans un chaos de traits humains. Il imaginait le biographe comme un démiurge. C’est ce qu’il a été en traçant Les Vies imaginaires, à mon sentiment, son grand livre. Marcel Schwob y apparaît comme un halluciné. Il réalise une sorte de “Légende des Siècles” et sa prose rejoint ici la poésie. De la même veine est le Spicilège qu’il donne en 1896 au “Mercure de France”, un autre très beau livre, plus près cependant de la critique que de l’imagination.

Marcel Schwob collabore toujours à l’Écho de Paris et aussi au Journal ; il est l’ami de Jean Lorrain, de Bataille ; il correspond avec Georges Meredith, avec Paul Valéry et le grand critique européen qu’est W. G. C. Byvanck ; il fréquente Remy de Gourmont, Octave Mirbeau, Paul Hervieu, qui sont ses admirateurs. C’est une période de travail et de sagesse que traverse Marcel Schwob, blessé dans sa chair, mais