Ma Montre (28)
Ma superbe montre neuve avait marché dix-huit mois sans avance, ni retard, sans avaries et sans arrêt dans son mécanisme(29). J’en étais arrivé à la considérer comme infaillible dans ses jugements sur le temps et à regarder sa constitution et son organisme comme indestructibles. Mais enfin un soir je la laissai s’arrêter. J’en fus navré ; j’eus comme l’avant-goût d’une calamité prochaine. Mais peu à peu je me remontai le moral ; je la mis à l’heure au jugé ; je chassai mes pressentiments ; je domptai mes superstitions. Le lendemain, j’entrai dans un magasin de bijouterie pour la mettre à l’heure exacte. Le chef de l’établissement me la prit des mains et se mit en posture de me la remonter. Ensuite il dit : “Elle retarde de quatre minutes — il faut avancer le régulateur.”
J’essayai de l’arrêter — j’essayai de lui faire