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traduction. Pour faire une traduction tant soit peu exacte, en vers, tout en conservant la forme, il fallait donc choisir une prosodie licencieuse. J’ai cru bien faire en imitant la langue libre du xvie siècle, la versification licencieuse de Marot.

Je n’ai pas eu cette raison seulement pour traduire Catulle dans la langue du xvie siècle. Mais il m’a semblé qu’à l’époque de Catulle, la langue latine était formée au même degré à peu près que, chez nous, la langue française sous Henri IV. J’ai suivi le raisonnement de Littré qui traduisait Homère en langue romane. On ne saurait croire combien les expressions et les tournures ont d’analogie dans deux langues arrivées au même degré de formation.

Du reste cette analogie, dans ce cas, est fort explicable : au xvie siècle, comme sous César, la langue de la littérature grecque a fait invasion : on retrouve du grec dans les mots et les idées.

C’est ce qui fait qu’à mon avis, Catulle n’est traduisible qu’en vieux français, malgré la bizarrerie apparente de cette opinion. Il est possible que ma traduction soit mauvaise, mais j’espère avoir ouvert une nouvelle voie désormais déblayée pour mes successeurs : “l’analogie des langues et des littératures aux mêmes degrés de formation”.