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par la Force, par le bonhomme Océan monté sur son griffon, par Io, par les Océanides, par Hermès. La bienveillance brutale, l’obéissance aveugle, la bonté bébête et craintive, la sympathie malheureuse, l’innocence inquiète, la volonté de Zeus viennent se mêler tour à tour au malheur de Prométhée. Il y a de la symétrie, de l’équilibre jusque dans la résistance de l’orgueil du Titan à la force du dieu. Le dénouement n’est que la rupture de l’équilibre (16).

Les Sept contre Thèbes ne contiennent également qu’une situation. Thèbes est assiégée par sept chefs, parmi lesquels Polynice ; Etéocle, roi de la cité de Cadmos, se défend dans sa citadelle ; les femmes et les filles thébaines ont peur. La ville est sauvée ; Ismène et Antigone pleurent leurs frères qui se sont entre-tués. L’équilibre de la pièce est dans la résistance de la ville aux sept chefs. Lorsqu’il aura été rompu, la pièce sera terminée. La symétrie dans ce drame est parfaite : La ville de Thèbes à sept portes ; il y aura un chef à chacune des portes ; à chacun des chefs ennemis s’oppose un chef thébain ; la description de ces chefs occupe la plus grande partie de l’œuvre ; les tirades du messager qui décrit les chefs ennemis correspondent exactement comme longueur, comme allusions, comme sens des vers, aux tirades d’Etéocle qui décrit les chefs thébains ; d’un côté on trouve Etéocle, de l’autre Polynice ; enfin, Ismène et Antigone achèvent la symétrie et forment contraste. La rupture de l’équilibre général cause un équilibre particulier ; d’une part Ismène s’attache au corps d’Etéocle, de l’autre Antigone au corps de Polynice. Le chœur se sépare en deux demi-chœurs ; l’un suit Ismène, l’autre Antigone. La construction est d’une symétrie parfaite (17). Remarquons ici un point