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qu’au dénouement qui amenait un second moment et terminait ainsi la pièce. On pourrait fort bien comparer un drame d’Eschyle à un temple symétriquement construit en toutes ses parties et dont le chapiteau serait la catastrophe. M. Émile Burnouf a fait remarquer l’analogie qui existe entre la structure du Parthénon, où une multitude de courbes sont juxtaposées ou fondues, et la quatrième Pythique de Pindare où une multitude d’éléments mythologiques sont groupés autour du mythe de la Toison d’Or. Mais dans une pièce d’Eschyle les différentes parties sont symétriques par rapport à leurs propres parties comme par rapport à la construction entière ; mieux encore, dans une trilogie, les développements se correspondent et se font équilibre.

À la longue justification de Clytemnestre dans l’Agamemnon correspond la plaidoirie finale d’Oreste dans les Choéphores ; le discours d’Athéné unit les deux thèses et les concilie dans les Euménides (15). À la digression géographique sur le voyage d’Io dans le Prométhée enchaîné répondait sans aucun doute un développement analogue sur les pérégrinations d’Hercule dans le Prométhée délivré.

Examinons attentivement ce Prométhée enchaîné ; nous n’y trouvons qu’une situation brusquement dénouée. Aristote disait que c’était le chef-d’œuvre de la tragédie simple. Mais les tragédies implexes appartiennent à un système dramatique tout différent. Ici on pourrait dire que toute la pièce est dans la crise, dans le clou ; le drame est continuellement à l’état aigu. L’état des choses ne change pas ; Prométhée vaincu reste en présence de Zeus tout-puissant jusqu’à ce que la foudre le précipite dans l’Erèbe. Mais cette situation est appréciée par Héphaïstos,