thon, au Mède à la flottante chevelure à dire s’il fut vaillant : ils l’ont vu.”
Cette tradition nous a été transmise par Hérodote et Justin. Il n’y a pas de raisons particulières pour en douter ; mais il faut remarquer l’adaptation merveilleuse de tous les événements de la vie d’Eschyle aux idées qui se dégagent de son œuvre. Sa réputation est celle d’un poëte religieux, initié, mystique même : il naît à Eleusis ; son père est pythagoricien. Il compose les Perses ; on le voit combattre à Marathon, à Salamine, à Platées ; ses frères sont Amynias et Cynégire. Son voyage en Sicile serait inexplicable sans sa pièce des Etnéennes. Il meurt à Géla et le nom du roi de Syracuse, près duquel il se réfugia, est Gélon.
N’affirmons donc rien : c’est Hérodote qui reste responsable. Les Grecs aimaient à symboliser les existences des hommes célèbres. L’île des Phéaciens, dans l’Odyssée, avec son roi “Esprit-fort” (Alkinoos) et sa reine “Vertu” (Arété) est une allégorie. On reste étonné lorsqu’on voit réduire par Thucydide à une simple amourette l’histoire d’Harmodios et d’Aristogiton ; Callimaque les avait célébrés dans un hymne enthousiaste qu’on pourrait appeler la Marseillaise des Grecs (14). On est peiné d’apprendre que les terribles Perses, contre lesquels Léonidas a succombé aux Thermopyles, étaient armés de flèches en silex et de boucliers d’osier. Il est fort possible qu’Eschyle ait combattu à Salamine ; le récit du messager dans les Perses semble bien d’un témoin oculaire. D’ailleurs l’existence libérale des Grecs leur permettait toutes les carrières. Sophocle fut deux fois stratège. Socrate avait sauvé la vie d’Alcibiade pendant la campagne de Sicile ; il s’était dis-