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données pour l’histoire de l’Art Dramatique en Grèce.

On a cru pendant longtemps à l’épanouissement subit de la poésie homérique après la guerre de Troie. Les travaux récents font pressentir qu’on abandonnera de plus en plus cette théorie. Sans doute l’Iliade et l’Odyssée ont été précédées d’une multitude de chansons de geste. M. Georges Perrot en voit la preuve dans des allusions fréquentes à des personnages qui paraissent aimés du public comme le vieux Nestor. De là à supposer une geste de Nestor, il n’y a qu’un pas. On pourrait, il me semble, trouver des indications encore plus précises sur la poésie cyclique antérieure à Homère dans l’Iliade et dans l’Odyssée. Une de celles-ci serait le contraste si souvent remarqué des commentateurs entre l’idée qu’Homère se fait des dieux et le refrain où il les décrit. Dès son époque les dieux sont des êtres un peu vagues, très surnaturels, propres à prendre toutes les formes et, partant, sans image précise. Néanmoins on trouve partout dans l’Iliade et l’Odyssée : Héra boôpisGlaukôpis AthénéLeukôlenos HéraThétis argyropoza, etc. Les traducteurs, après mainte hésitation, expliquaient : Junon aux grands yeux, au regard doux ; Minerve aux yeux pers, glauques ou clairs ; Junon aux bras blancs ; Thétis aux pieds brillants. Il serait sans doute plus simple et plus vrai de rapporter ces refrains consacrés aux chansons de geste qui existaient depuis des temps fort anciens, où les dieux n’étaient guère pour les hommes que des statues plus ou moins richement ornées. Dès lors il faudrait expliquer : Héra à la tête de génisse (12) ; Athéné à la tête de chouette ; Héra aux bras d’ivoire ; Thétis aux pieds