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Eschyle et Aristophane (11)

Lorsque nous étudions, à plus de deux mille ans de distance, les œuvres de l’antiquité, nous éprouvons un peu la même illusion que les gens qui regardent la terre de la nacelle d’un ballon. Pour eux les hauteurs s’aplanissent, les montagnes sont des taches brunes, et les forêts des taches noires ; les prairies prennent l’apparence de carrés verts et les champs de blé de carrés jaunes ; fleuves à rives plates ou torrents encaissés ne donnent plus que l’impression de fils d’argent courant sur une surface plane. Les reliefs particuliers disparaissent et l’horizon semble limiter une immense cuvette où plonge l’œil du voyageur. De même, pour les ouvrages des anciens, les différences individuelles s’effacent ; les qualités littéraires de celui-ci le rapprochent de l’intérêt archéologique de celui-là ; nous ne saisissons, pour ainsi dire, entre Eschyle,