Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la devise de l’État. Terreur et prudence, devrait-on lire en vérité.

Revenons à nos capitas.

Ils s’appuient moralement sur l’autorité de l’Européen, dont ils guident l’inexpérience à ses débuts, et qu’ils sont réellement chargés d’instruire. En voici un exemple.

Il y a très peu de temps, un jeune homme venu au Congo à la suite de chagrins intimes, et doué d’idées élevées, d’une réelle culture intellectuelle et d’un cœur pitoyable, un brave garçon, en somme, arriva dans la brousse… mettons au mois de janvier 1903 ; il fut employé deux mois durant à des écritures quelconques au chef-lieu d’une société, puis dirigé sur une factorerie de l’intérieur. On le mit en doublure d’un Européen, pour qu’il apprît la langue indigène — très simple, mais avec laquelle on se comprend péniblement d’un village à l’autre — et les méthodes de travail.

Six semaines après, une circonstance rendit vacante un poste dépendant de la factorerie à laquelle notre jeune homme