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La presse a bruyamment relaté les abominations dont on accuse, au Congo français, quelques individus qui relèveraient plutôt du médecin aliéniste que du juge d’instruction. D’autres faits, moins horribles que ceux publiés, se seraient produits d’une façon assez fréquente pour avoir provoqué la révolte des populations de la région moyenne de notre colonie, celle surtout où opèrent les sociétés d’origine belge. Tout est malheureusement fort probable.

Nous savons bien que les mœurs coloniales sont très différentes de celles d’Europe et que certains actes, répréhensibles ici, sont d’un usage courant entre chefs blancs et travailleurs noirs. Mais entre cette allure un peu brusque du commandement et les atrocités et les meurtres en question, il y a tout un monde.

Il est temps d’examiner la part de chacun dans cet ensemble fâcheux : de voir quelles sont les sociétés sages et prospères et de signaler celles qui se sont montrées au-dessous de leur tâche, et d’indiquer aux pouvoirs publics, toujours disposés en faveur du statu quo, les fautes par lesquelles des particuliers ont compromis la situation d’une colonie, où l’on a jeté assez de millions pour espérer un résultat pratique, plus intéressant et moins sensationnel, où l’on devait travailler et non procéder par réquisitions sanglantes. Une enquête s’impose au Congo ; le ministre des colonies l’a décidé et l’on parle du très heu-