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naire, le sentiment de supériorité dont les pires d’entre eux font la base de leur conduite, les sottes mœurs de notre administration coloniale, par lesquelles des hommes de valeur ont tant de peine à rester intelligents, équitables et doués d’initiative, ne tardent pas à amener une sorte d’aberration mégalomane chez des individus vaniteux et brutaux. On a vu les affaires Quiquerez-Segonzac, heureusement closes, et le cas tout récent de l’infortuné Girard, terminé par un acquittement ; le drame Voulet-Chanoine, etc. Et l’on ne compte pas, entre vieux coloniaux, les scandales inconnus ou étouffés, les actes violents tus par une politique blâmable, par le désir de ne point attirer l’attention publique sur tout un groupe social pour la faute de quelques-uns. Et cette connivence fâcheuse n’a pas empêché des révélations de la presse française, plus franche que certaines presses étrangères, la presse belge, notamment, niant absolument les crimes commis et vantant un système qu’elle devrait flétrir.

Les crimes de Toqué et de Gaud, que la cour d’assises de Brazzaville aura à juger, sont, hélas ! des faits non isolés. Dans tout le continent africain, partout où la colonisation a pénétré, il s’en produit d’aussi blâmables. C’est le système tout entier qui est à refondre, aussi bien pour sauvegarder ce principe d’humanité, dont Schœlcher fut le champion en France, que pour préserver les intérêts engagés outre-mer, car ce sont là