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Un jour, un brave garçon d’Européen, point cruel celui-là, humain même, voyageait avec de nombreux indigènes, parmi lesquels des femmes et leurs petits. Un de ces derniers, porté par sa mère, ne cessait de crier. L’Européen dit à la femme : « Tâche donc de calmer ton petit, il nous agace », et il ne s’en occupa plus. Arrivé à l’étape, il s’aperçut que la femme avait les bras vides. « Qu’as-tu fait de ton enfant ? » lui demanda-t-il. « Ah ! répliqua un des hommes d’escorte, tu avais dit qu’il t’ennuyait : je lui ai coupé la tête. » La mère était sans larmes et l’homme trouvait cela naturel. L’Européen était atterré.


On n’a rien tenté de sérieux pour les faire renoncer à leurs coutumes barbares. On les a laissés croupir dans leur ignorance et dans leur inconsciente férocité anthropophagique. On a multiplié leur misère par l’oppression et la crainte. Si minable que fût leur condition avant la venue des Européens, elle valait cent fois leur situa-