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Un jour, quelques-uns m’interrogeaient sur mon village et je m’efforçais, Dieu sait avec quelle peine, à leur décrire nos maisons, l’abondance des vivres, la beauté des femmes, nos moyens d’éviter la marche et la fatigue, tout ce qui, de notre civilisation, pouvait être compris par eux. Ils commentaient entre eux mes paroles en donnant des signes d’étonnement. Tout d’un coup l’un d’eux m’interrompit : Mais puisqu’on mange si bien chez toi et que c’est si beau, pourquoi donc es-tu venu ici ?

J’avoue que je fus tout déferré !

Ces noirs ont une mimique à rendre jaloux nos meilleurs comédiens. Ils ont le geste juste, souvent ample, jamais disgracieux.


Leur sensibilité est inégale et passagère. Parfois, ils pleurent bruyamment à l’annonce de la mort d’un parent et surtout d’un n’deko. Le n’deko (ami) est sacré. Ils aiment assez peu leurs enfants, les laissant pousser sans souci. Ces petits sont d’une vive intelligence durant le premier âge et s’assimilent très vite les données indispensables, mais simplistes, nécessaires à leur vie sans complications.

Quelquefois même, leur indifférence nous déconcerte.