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La forêt…

Inextricable et triste, profonde comme un infini, mystérieuse pour nous dans sa sévérité monotone et grave, comme si la nature avait deviné à quoi sa splendeur servirait de cadre ; puis, par moments, comme un sourire dans une tristesse majestueuse, comme du bleu dans les nuages, apparaissent des sous-bois splendides d’où jaillissent des palmiers jeunes, des rotins élancés, des lianes cordées étrangement, avec la futaie comme fond, et, au premier plan, des herbes hautes, étoilées de fleurs rouges, blanches et jaunes. Furtifs coins de beauté, qu’on paye par la traversée de marais horribles, les pote-pote, où l’on marche simultanément dans la boue jusqu’au jarret presque, et de l’eau jusqu’au ventre, traversées qui représentent les deux tiers et plus des chemins dans cette immense forêt équatoriale, grande comme toute la moitié de l’Europe.

Et, cette gigantesque corbeille verte qui fait du plateau central africain une zone de