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traîne avec lui des femmes, des enfants, des chiens, des poules, des canards, des poteries et des nattes disparates, etc. C’est tout juste s’il n’emmène pas smala et bric-à-brac en expédition.

Ils mettent plus d’une heure à s’embarquer dans notre grande baleinière. Ils agitent leurs fusils en hurlant et menaçant l’adversaire lointain. Ils ont d’avance la convoitise du repas de chair humaine qu’ils espèrent s’offrir (en cachette de leurs chefs) aux dépens du vaincu, car tous les noirs de ce pays sont anthropophages, ouvertement ou non. Le sous-off européen nous promet de tailler en pièces ses adversaires. Il nous annonce quatre jours d’absence et demande que, passé ce délai, notre gérant vienne à la rescousse avec une escorte : il serait alors engagé dans la grrrande guerre, — ô gloire !


Heureusement pour les nègres qui, à leur insu, ne font que d’user des droits que leur a solennellement reconnu l’Europe, heureusement pour eux que parfois les chefs de ces petites expéditions, au résultat desquels ils ne sont point intéressés, craignent les routes dans les marais boisés où l’on s’enlise et d’où partent parfois des flèches. Ainsi en fut-il la fois dont nous parlons :


7 juin (le lendemain). — Retour assez modeste de