Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

37
prologue

saires d’Ibrahim Bey. Duvicquet, embarrassé dans ses jupes, obligé de se conformer aux petites enjambées d’Arroukba qui ne pouvait courir assez rapidement, vit qu’ils seraient perdus s’il n’intimidait les poursuiveurs. Il se retourna soudain d’un air terrible et se montra de face, le revolver au poing. Les « muets » reculèrent ; l’un d’eux essaya cependant de saisir Arroukba ; Duvicquet lâcha un coup et le blessa à la main. C’en fut assez. La valetaille jeta quatre ou cinq beuglements dans les airs et tourna les talons en hurlant. Duvicquet n’en attendit pas davantage ; il reprit Arroukba à demi affolée entre ses bras, et marcha d’un pas rapide vers une rue du Caire.

Quinze jours après, le Moniteur du Caire insérait le fait suivant :

« La ville du Caire a été émue un instant par un étrange incident. Un peintre français bien connu, M. Henri Duvicquet, ayant réussi à pénétrer à l’aide d’un travestissement, au mépris de toute pudeur, dans le sérail d’Ibrahim Bey, en a enlevé une jeune Circassienne qui se trouvait en visite chez les cadines. Ce détournement est l’objet d’une enquête sévère, car Henri Duvicquet, en résistant à une troupe de « muets » qui s’opposait au ravissement de la favorite, a tué l’un d’eux. Le consul français a fait de vains efforts pour retrouver les fugitifs. L’enquête donne à supposer qu’ils auraient gagné la Grèce à bord d’un navire en partance, où le peintre possédait des camarades. On a cepen-