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prologue

vêtements, aventura sa main parmi le roulement des lignes les plus somptueuses. Cependant ses caresses ne s’émancipèrent pas immédiatement, tant il prenait de plaisir à la voir saisie, toute palpitante. Il plongeait dans le trait fixe de ses yeux, comme s’il eût voulu pousser la descente de son regard jusqu’au heurt des formes enchevêtrées d’un caractère dont il soupçonnait la bizarrerie. Il rencontrait en elle les vices inconscients de l’orientaliste abandonnée à sa fantaisie, car elle n’offrait qu’une mince résistance à ses tentatives folles. Il achevait de dénouer les glands qui serraient le vêtement en forme de gandourah autour de sa taille ; peu de chose lui restait à accomplir pour contempler à nu l’envergure de ces membres, dont le poids lui semblait peser à peine à ses genoux. Arroukba, presque grisée par les liqueurs, collait à la poitrine de Duvicquet sa tête alourdie, le laissant fourrager son corsage entr’ouvert… lorsqu’un cri étouffé les remit subitement en défiance l’un et l’autre ; l’œil à sclérotique jaune d’un Africain enveloppait le peintre au moment où sa position près d’Arroukba ne permettait aucune illusion au sujet de son sexe. — En un instant ils comprirent le danger, et Duvicquet, d’un bond, enleva la jeune femme et sauta dans une cour intérieure entourée d’un treillis. Mais alors ils se trouvèrent acculés d’une façon plus périlleuse, car aucune issue ne s’offrait à eux. Pour la consoler, il l’appelait son hiéroglyphe, son petit museau de déesse, son sérapeus, sa pyramide adorée ; je ne