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prologue

Aussi, l’artiste remontait-il sans se lasser de la souple malléole du talon jusqu’à l’engorgement des lignes de la cuisse.

On connaît de l’Orient, aujourd’hui, ces longues oscillations de bournous blancs dans l’outremer du ciel ; mais ces beaux corps de femmes, atteints si vite d’obésité, les a-t-on représentés dans les molles courbures qui caractérisent le kief ? Duvicquet se repaissait, en quelques minutes, de cette montueuse rotondité du sein, dressant sa pointe comme pour héler un désir. Ce qu’éprouvait le peintre en face d’Arroukba devenait difficile à cacher ; chacune de ses impressions retroussait sa chair sur ses muscles. À quatre pas de lui se dévoilait l’exultance de la fille encore ingénue, vers laquelle son bras se tendait, mais qu’il s’empressait de retirer, s’apercevant bien qu’il excitait l’inquiétude. Son buste menaçait de fléchir, et, sous la convoitise refoulée, son front se resserrait. Il sentait glisser l’agression subite de ce coup de sensualité qui arrivait palper secrètement son corps engourdi, roulé dans la soie d’un travestissement de femme.

Arroukba étudiait, toute paisible, l’effet de ses minauderies aux yeux d’Henri, se prêtant à la défaillance de l’étoffe aux endroits engageants. Elle était posée au milieu d’un monceau d’ajustements qui s’éparpillaient autour de ses hanches ressuyées. En regardant le peintre, elle devinait ses contractions jouisseuses, les étirements de ses membres aux abois, la rumeur énergique d’un sang de mâle que