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sabine

pellations et les caresses de voix de la Varlon à Léda.

— Ici, fifille… ici, mamoiselle… n’ennuyez pas la dame qui a du çagrin… Oui, vous êtes zentille… vous êtes ma pincesse Pimprenelle… Allons, coucez-vous-là, ben vite… ben vite…

Et, reprenant sa voix naturelle :

— Je me suis couchée tard, hier ; c’est cela qui l’excite… Je me suis oubliée à causer avec Bébé Tuchard et Bébé Senelle ; nous parlions de Mme de Monroy qui expose au prochain Salon des œuvres d’une nudité révoltante, sous le prétexte que c’est académique. Comprenez-vous ça… des tableaux d’une pareille obscénité, conçus par une femme ? Je disais à Bébé Tuchard : — Elle a une hystérie du cerveau, c’est évident. Rien ne la retient ; on a beau refuser ses toiles, elle trouve le moyen de les caser chez les intransigeants. Et si vous aviez vu la dernière ! Croirait-on qu’il y a des gens pour acheter des choses semblables ? De véritables provocations à la morale. — Voilà pourtant ce qui a du succès aujourd’hui. C’est répugnant. Senelle m’assurait qu’on la surveillait… Elle inquiète, cette femme… — Tiens, vous partez ?

— Il est une heure moins cinq, madame.

— C’est juste. — Eh bien, ma petite, je n’ai pas pu vous obliger. Oh ! il fallait que ce fût une cause aussi sacrée que celle que vous m’avez divulguée pour que je me sois décidée. Sans cela vous n’auriez rien obtenu de Jenny Varlon.

Sabine marcha vers la porte, et se retournant