Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

293
sabine

— Qui vous répond cela ? J’ai des vieillards dans ma clientèle… Revenez demain matin, à huit heures, entendez-vous ?

Sabine remonta en voiture et commanda au cocher de la conduire 126, faubourg Saint-Antoine. Mlle Léa accourut elle-même ouvrir sa porte.

— Madame, dit en entrant Mme Raimbaut, j’ai à mon service une personne que vous avez eue au vôtre, je crois, Frissonnette ?

— Chez vous, madame ? la pauvre enfant est chez vous ?

— Et comme elle m’a raconté un peu son histoire, votre nom ayant été mêlé à son récit, je me suis trouvée autorisée à la démarche que je tente aujourd’hui.

— Une démarche près de moi ? demanda Mlle Léa presque disposée à se fâcher, en soupçonnant la visiteuse de se moquer d’elle.

— Oui, continua Sabine en la suivant dans la chambre où Mlle Léa la conduisait machinalement, une démarche près de vous, qui ne me connaissez pas, mais qui, si j’en crois Frissonnette, ne me refuserez pas assistance.

— C’est une dame de charité, pensa Léa.

Et, se rengorgeant, elle ajouta :

— Oh ! mon Dieu, oui, j’ai beaucoup aimé cette petite dont l’enfance a subi un choc… terrible.

— Je sais… on m’a raconté.

— Ah ! madame, un drame, voyez-vous ; on l’écrirait qu’on ne le croirait pas. Et l’on prétend