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sabine

— Ne fais pas : oh ! oh ! tu me tues mon effet. Reprends ça d’un ton plus naturel.

— « Oh ! très célèbres, madame ! »

— Mais, malheureux, tu vas parler auvergnat tout à l’heure. Articule donc ! Tu as les joues lourdes, la bouche pâteuse. — N’est-ce pas, maman Rougemont que, de votre temps, au Conservatoire, on assouplissait la bouche avec des boules de caoutchouc ?

— Oui. Va rue Vivienne, mon garçon ; tu en trouveras là. Tu en mettras d’abord deux, puis quatre ; ça te développera les maxillaires.

— À présent, passons à l’endroit où le baron veut acheter, en dépit de sa belle-mère, le fameux tableau de Romulus. — Vous y êtes, n’est-ce pas ?

— « Je vous défends d’ouvrir cette caisse !

— « Mais, madame, permettez que M. le baron…

— « Ouvrez cette caisse, je le veux !

— « Est-il possible ? vous achèteriez une pareille nudité ? que pensera votre femme ?

— « Ma femme n’a rien à y voir. »

— Prolonge la note sur le mot femme, comme ceci : « Ma femme n’a rien à y voir. » Ça garnit ; ça te donne le temps d’opérer un mouvement pour approcher du tableau. Pendant cette demi-seconde, Jonquille en profite afin de vanter l’œuvre qu’il apporte. — Poursuis, mon garçon.

— « N’admirez-vous pas, madame, la richesse du contour, l’éclat des tons, la fermeté du coup de brosse ? »

— Bon, tu as peloté ta marchandise. À présent le