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sabine

Il l’attira violemment à lui, puis, la repoussant une minute pour la mieux fixer :

— Il est trop tard, Sabine, reprit-il enfin d’une voix sourde ; on n’accomplit jamais impunément ce que j’ai accompli ; si je désertais maintenant je ruinerais ceux qui m’ont confié leurs fonds, qui attendent de moi ce que j’ai promis. Ne discutons pas les faits, qu’ils restent ce qu’ils sont… Qui sait si, bientôt… ? Mais non, c’est stupide.

Il n’acheva pas, elle le regarda émue d’une vague épouvante.

— Que veux-tu m’avouer, mon Dieu ?

— Rien… peu de chose. J’ai essuyé des pertes assez… considérables, et si un coup de Bourse ne me… rendait pas ce que j’ai perdu…

— Achève, je t’en supplie.

— Je serais… balayé ; mais… au bout du compte, mes terreurs sont puériles, je ne crains nullement ; ne tremble donc pas, enfant que tu es.

— Ainsi la soirée d’avant-d’hier…

— Était destinée à rassurer certaines gens ; mon Dieu, oui ; on est obligé à ces choses-là dans mon… dans notre métier.

Et, changeant brusquement de ton :

— Nous avons eu tort, je le suppose, de brusquer la Varlon et la marquise. Comme policières, attachées à un ou deux salons politiques, elles pouvaient me donner des nouvelles qui m’eussent permis d’établir des bases d’opérations pour cette semaine.

Il aurait parlé longtemps sans interruption ; elle