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sabine


VI


L’étonnement jeté par la sortie de Sabine se traduisait de différentes façons.

— Elle a du torrentueux, murmurait le député, en tâchant de ressaisir le fil de ses idées qu’elle avait brouillé sans merci.

— Voilà une femme qui ne tape pas dans la tartine de l’idéal, au moins, s’écria le journaliste qui causait un instant auparavant avec Jenny Varlon.

— C’est jeune, ça a du cœur, ça entend sonner midi, répliqua un médecin ; mais la femme est une hystérique, pas autre chose. Les grandes tirades, pour elle, sont l’exutoire de l’hystérie ; c’est sous l’influence de cette maladie-là qu’elle se passionne pour la politique, la peinture ou les lettres ; c’est elle qui la rend créatrice ; c’est l’hystérie qui constitue le bas-bleu ou la grande actrice. Dans les hautes classes sociales, l’hystérie régente les cerveaux féminins ; fouillez bien l’organisme animal, vous n’y trouverez pas autre chose. Au siècle dernier, on appelait cela : des vapeurs ; aujourd’hui qu’un chat est un chat, l’hystérie…