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d’exercer aucune surveillance autour de toi. Elle vit boulevard Haussmann, avec son mari et son tuteur, Henri Duvicquet, peintre, dans l’atelier duquel j’ai passé trois ans.

— Pourquoi l’as-tu quitté ?

— Parce qu’il s’est lancé dans les affaires de bourse et qu’il n’a plus eu besoin de moi. Alors, il m’a recommandé à un de ses amis, M. Rougemont, directeur du théâtre Athénien, qui m’a reçu dans sa troupe. Mais, comme je vois mon ancien maître aussi souvent que possible, on m’a chargé de trouver une personne de confiance pour madame.

— Tu as raison, Jonquille, je serai bien là certainement, et pourtant j’hésite à troquer ma liberté contre la domesticité.

— Laisse donc, tu ne pourras pas voir Mme Raimbaut sans l’adorer.

À la suite de cette conversation, Frissonnette acceptait résolument, et, le lendemain, Jonquille réglait la note de l’hôtel, puis emmenait sa maîtresse, modestement vêtue, boulevard Haussmann, 43.

Dès que la jeune fille entendit Mme Raimbaut, ses craintes se dissipèrent, elle demanda à entrer en fonctions, et Jonquille l’ayant conduit dans sa chambre, en partit une heure après pour se rendre à sa répétition, pendant qu’elle s’installait à sa besogne.

Frissonnette, vêtue de sa robe de mérinos gris, et d’un coquet tablier blanc, circulait dans l’appartement ; elle portait un surtout d’argenterie qu’elle