Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

239
sabine

couper entièrement, cette sacrée toison ! et moi qui ai failli m’attendrir il y a un instant… Mais où égarais-je ma tête de ne pas comprendre que ce qui a servi d’hameçon à ma mère, pour s’offrir aux hommes, et me faire manger quand j’étais petite, m’aidera également ce soir, pour qu’on m’achète un bon prix… ?

Elle rit à gorge déployée.

— Tiens, songea-t-elle, on aura eu la croix, l’anneau, le diamant de ma mère… on aura maintenant le poil de ma mère… en v’là une trouvaille !

Et toujours riant, elle se mit résolument en route.


Huit jours après, Frissonnette était encore dans cette même chambre d’hôtel, à côté d’un jeune homme ; l’un et l’autre achevaient de souper.

— Ainsi, reprenait la jeune fille, tu veux absolument que je quitte la maison ?

— Oui, et notre liaison est à cette condition. Si tu dois reparaître où je t’ai rencontrée, séparons-nous.

— Mais quand je te répète que je n’ai pas eu d’autre amant que toi, que je n’en aurai aucun, que je t’attendrai chaque soir.

— N’importe. Dans la famille où je désire te placer, vois-tu, je serai sûr… que…

— Allons, mon pauvre Jonquille, tu as beau t’en cacher, tu es jaloux, tu veux me rendre à mon ancien métier de femme de chambre, pour avoir la certitude qu’on me surveillera, conviens-en !

— Je t’assure que Mme Raimbaut est incapable