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sabine

bien que l’autre jour, c’est tout ce que je te demande ; tu auras réfléchi d’ici à demain.

Elle prit un journal sur la cheminée et se mit à lire.

La jeune fille soulevant les bandeaux et les décrépant, s’efforça de les brosser avec soin ; mais, lorsqu’il lui fallut, après avoir tressé les longues nattes, attacher les deux anglaises dont Mlle Léa avait parlé, on aurait facilement constaté que la femme de chambre méritait mieux que jamais son surnom de Frissonnette, au tremblement qui s’empara de ses bras. Elle semblait ne pouvoir détacher ses regards des boucles qu’elle achevait de fixer aux cheveux naturels de sa maîtresse ; elle voyait retomber flexibles, luxueuses, leurs longues soies prêtes à s’amollir à la chaleur des mains passionnées qui, une heure plus tard, tenteraient de les dérouler. Frissonnette donna à la chevelure un dernier lisser fébrile, et Mlle Léa se leva en poussant un cri de triomphe.

Un quart d’heure après elle était habillée et sortait à la hâte.

Restée seule, la femme de chambre prit possession de la chaise-longue où l’artiste étudiait ses rôles et demeura plongée dans une méditation persistante.

Elle se rappelait son arrivée en ce même appartement, quatre ans avant, lorsque la tentative d’un misérable l’ayant déshonorée, il l’apportait effrayé dans cette chambre, la confiant aux soins de