Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

230
sabine

ils étaient désespérés. Peu à peu elle éprouvait une singulière détente de tous ses membres, elle se laissait aller à se coucher sur la poitrine de son bienfaiteur inconnu. Dieu, si elle avait eu un père comme ce monsieur-là, avec quel plaisir elle fût restée près de lui !

— M’aimez-vous un peu, ma chère petite ? lui demanda l’étrange visiteur en la serrant très vivement entre ses bras.

Elle ouvrit la bouche pour lui assurer que, l’instant d’avant, elle souhaitait vivement sa visite, mais elle ne sut comment s’exprimer et s’arrêta honteuse. Bientôt les caresses de l’individu devinrent très vives, très capiteuses. Frissonnette ne comprenait même pas confusément ce qui se passait en elle ; seulement elle oubliait la bière gisant à quelques pas… elle y voyait à peine, elle ne savait ce qu’on l’obligeait à subir.

Tout à coup, en apercevant sa jupe relevée de chaque côté de ses jambes écartées, elle eut honte et voulut se dégager ; il répondit à ce geste en l’enlaçant plus étroitement. Il lui sembla qu’une partie d’elle-même se déchirait, et qu’on trouait violemment son corps, comme si on avait voulu le séparer en deux. Elle crut un instant qu’on allait l’assassiner et jeta un cri terrible. Une main se posa contre sa bouche et la bâillonna presque. Alors elle se sentit prise de suffocation, en même temps que l’étrangeté du mouvement qui l’accaparait, l’effroyable torture qui entrait dans sa jeune chair et la scellait à celle