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sabine

Mme Durieu. La concierge serait capable de me jouer un pareil tour.

Et elle alla reporter les ciseaux chez elle.

Pendant ce temps, Frissonnette essayait de recoiffer sa mère du bonnet enlevé ; mais quand il s’agit de renouer les brides, le menton était trop descendu ; la rigidité de la pierre ossifiait la mâchoire, il fut impossible de rapprocher les os maxillaires et de remonter la partie inférieure de la face ; en sorte que le masque de la morte continuait à bâiller horriblement.

— Là, observa Mme Lebas en haussant les épaules, tu avais joliment besoin de dénouer les brides de ce bonnet pour couper les plus longues mèches ; tu aurais pu te contenter de celles du front. Maintenant ça ne servirait à rien de replacer un bandeau, jamais on ne lui fera fermer la bouche.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria l’enfant, prise de sanglots, est-ce que son menton va continuer à descendre comme cela ? Est-ce qu’on l’ensevelira la bouche grand’ouverte ?…

— Sûrement, qu’on l’ensevelira ainsi, repartit brutalement la vieille femme. C’est pas moi qui y toucherai, certes ! C’est ta faute ; pourquoi t’avises-tu de déranger ce que j’avais attaché ? À quoi qu’ça t’avance, maintenant ?

— Madame Lebas, madame Lebas ! reprit l’enfant affolée, je ne veux pas qu’on l’emporte ainsi. Oh ! je vous en conjure… trouvons moyen de rapprocher les lèvres… non, il ne faut pas…

Elle n’acheva point, pensant subitement que c’é-