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affectèrent de passer près de moi pour m’éclabousser. Quelques personnes me reconnaissent et détournent la tête. Et si ce n’était que cela encore ! mais sache donc qu’au moment où la voiture a dû s’arrêter pour prendre la file, quelques voix de femmes ont glapi derrière moi ; l’une d’elles a répété, afin que je n’en perdisse pas un mot : — Carlamasse m’a assuré pourtant qu’il saisirait la prochaine occasion pour débarrasser Paris d’une personne que la province a chassée. — Oui, quand tu me regarderas de tes yeux de tigre en fureur, je te réitère que j’ai entendu ça. — C’est au point que je me prenais à regarder les agents de la paix, persuadée que peut-être j’allais être appréhendée et conduite à quelque poste, sous le prétexte que ma présence excitait l’indignation publique.

Elle s’arrêta une minute, et se campa devant lui, la bouche baveuse d’écume.

— J’ai voulu achever ma promenade, continua-t-elle ; mais si tu avais vu de quelle façon ce cocher me lançait des coups d’œil ! Je lui ai ordonné de marcher. Alors il m’a répliqué : — Mais qu’est-ce qui me paiera, ma p’tite dame ? Avec ça que c’est pas amusant de vous rouler. Paraît que vous êtes une farceuse, hé ! hé ! — J’ai dû le congédier et revenir à pied jusqu’au rond-point, pour trouver une autre voiture. Nouvel acharnement ; on me suit, et quelques personnes reprennent : — Tiens, elle est forcée de marcher à pied, à présent ! Est-ce qu’elle est en train de faire son quart en plein jour ?