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l’autre sans se l’expliquer, songeaient que la présence d’un tiers les aurait gênés, et ce fut d’une voix un peu tremblante, qu’en le voyant s’arracher à ses étreintes, elle demanda de nouveau :

— Tu t’en vas ?

— Oui je vais profiter du jour qui me paraît bon pour peindre.

Dans l’après-midi, lorsqu’ils se retrouvèrent, on aurait dit que quelque chose avait passé d’elle à lui. Ils étaient heureux de se sentir l’un à côté de l’autre. Au dîner, elle rapprocha son couvert du sien ; une intimité d’une nature différente de celle qui présidait d’ordinaire à leurs épanchements flottait autour d’eux. L’absence de Renée, qu’ils regrettaient pourtant, y contribuait. Un vague instinct les tenait en suspens de ce qui pourrait advenir, et la scène du matin qui, sans doute, se retraçait pour chacun avec une signification maintenant précise, empêchait la conversation de s’ébaucher d’une façon suivie.

Le lendemain, comme Sabine sortait de la cuve de son appareil hydrothérapique, elle s’attendait à voir Henri, et s’épongeait lentement les jambes. Il entra, comme elle quittait, pieds nus la natte de joncs de son cabinet de toilette et piétinait le tapis de la chambre. Elle fit quelques pas et l’embrassa sans s’inquiéter de ce qu’elle montrait de trop, ou de trop peu, des écarts du peignoir mousse qui s’ouvrait devant elle. Cela n’étonna guère l’artiste. Tout enfant ne posait-elle pas en face de lui ?