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sabine

— Laisse-moi comme cela, fit-elle, devenue très calme, j’ai chaud, je suis contente, ne bouge pas.

Sans comprendre absolument ce qu’elle attendait dans les pressions d’Henri, elle les demandait, elle allait presque au-devant. Son petit corps frileux se collait contre le sien, elle voulait qu’il se couchât à côté au bord du divan pour être complètement à son aise, assurait-elle ; et, pendant qu’il obéissait, et la tenait enfermée dans ses bras, l’un passé autour de sa tête, l’autre autour de ses jambes :

— C’est toi qui es mon mari, murmura-t-elle. Voilà, je serai ta petite femme et tu te mettras ici, à cette place. Je t’embrasserai comme cela, sur les yeux. — Bon, tu me lâches ? — Tu n’es pas gentil !

Elle se leva, les reins remués par des caresses dont elle appelait sournoisement le retour. Un trouble, une excitation naissante, que son mari ne lui avait pas fait connaître, mordait ses jeunes flancs.

Qu’est-ce que cela signifiait ? qu’était ce plaisir inconnu ? ce quelque chose qui la chatouillait dans les mollesses de sa chair ? Jamais Raimbaut ne la prenait ainsi en la tapotant comme son tuteur, en lui donnant de petites claques qui la faisaient rire. Il la traitait cérémonieusement, craignant toujours de la toucher. Mais comme elle éprouvait de singulières sensations près du peintre, et comme elle trouvait bon de rester longtemps étendue à portée de ses mains ! Il aurait dépucelé Jeanne d’Arc par l’enragement qu’il communiquait. L’un et