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— Bien vrai ? vous n’êtes pas fâché que je sois revenue ?

Il s’approcha, l’entoura à demi par-dessus la baignoire et baisa comme sans y prendre garde un des seins à moitié hors de l’eau. Mais il s’était mouillé la barbe, elle se mit à rire, lui plongea ses deux mains trempées dans les cheveux qu’elle lissa, et reprit :

— C’est fini, me voilà ici, je ne repartirai jamais là-bas. Vous me garderez. Maintenant que je suis « Madame », je pourrai sortir seule, aller dans le monde, me montrer à ma fantaisie… Ah ! mais, j’ai froid. Tiens, donne-moi mon peignoir !

Étourdi, grisé, il se leva, saisit le peignoir-éponge, l’ouvrit tout grand, et, les mains tremblantes, le lui présenta.

— Ah çà, ne regardez pas, au moins !

— Mais non ! mais non !

— Donnez-moi la manche par ici. Bon !… et l’autre ?… Mais enfile-moi donc l’autre ! Sapristi ! Brrrou, je gèle.

— Attends, tu vas voir.

Il l’enleva dans ses bras, la porta sur le divan de Renée et se mit à la frictionner vigoureusement.

— Ça fait du bien ! je te prends pour mon masseur, à l’avenir. Dis, veux-tu être mon masseur ?

— Combien me donneras-tu ?

Elle se retourna pour l’embrasser, souleva sa barbe et chercha une place dans son cou, où elle enfouit sa tête entière.