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assujettit son béret, et alla au-devant des visiteuses.

La première, Mme Varlon, était une femme de haute taille, d’un vaste embonpoint. La fête aurait rappelé celle de la loyale créature qui fut George Sand, sans une expression d’astuce et un ricanement de bouche, repoussant dans l’esprit le rapprochement qui commençait à s’y établir.

Deux larges bandeaux de cheveux noirs grisonnants et lisses coupaient symétriquement le front d’une hauteur pyramidale ; un nez très busqué, un nez de matrone romaine, partageait, il est vrai, noblement la face d’un grand ovale aux tons cireux ; mais la pointe mordait méchamment la lèvre aux sinuosités sifflantes et venimeuses. Le menton restait encore solide, et le visage, quoique desséché et décoloré, ne perdait pas ses lignes, grâce aux fausses dents qui permettaient aux joues de ne point tomber flasques, en remplissant certains creux. Les plis de la jupe et la coupe du corsage, le drapé du châle, le nœud des brides du chapeau remontaient à 1840. Mais sous cette simplicité affectée se révélait une suave odeur de linge blanc, un parfum vague, qui combattaient les émanations de la vieillesse ; seulement, des pieds de chasseur sortaient sous la robe écourtée, dans d’énormes souliers, laissant passer des bas blancs, et les mains gardaient des proportions masculines. Le regard seul vous avertissait des rages jalouses qui flambaient dru dans cette poitrine. Mme Varlon n’eut pas le temps de l’étein-