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prologue

duire un peu des usages occidentaux dans leur harem.

— C’est une chose que j’ai déjà relatée, en effet, répliqua Henri. Je crois que le vice-roi d’Égypte est pour beaucoup dans cet esprit de nouveauté qui a dicté ses lois aux vieux usages.

— À propos, comment avez-vous connu la concubine de Sidi Mohammed ?

— Comment je l’ai connue ? à l’extrémité de l’avenue de Choubrah, un jour qu’elle s’était hasardée à se débarrasser de ce sac horrible dont on oblige les Turques à s’envelopper. Se croyant seule, elle essayait de humer le plus d’air possible. Sur un mot, l’eunuque alla chercher dans sa voiture je ne sais quelle chose — boîte ou coffret. — Je suppose que cela pouvait être une collection de photographies. Je sortis de derrière l’arbre où je m’effaçais, et, à ma vue, elle remit précipitamment son féridjé qui ne s’abaissa plus. Je m’attendais à ce geste ; aussi je m’y pris de mon mieux pour la rassurer et la prier de ne pas me savoir mauvais gré de ma présence ; j’ajoutai, ce dont je suis convaincu ne jamais être insensible à une fille de cet âge, la faveur de lui laisser feuilleter mon album où j’avais déjà représenté quelques-unes de ses compatriotes. Au même instant, l’eunuque revint à toute volée et me montra le poing. D’un coup de pied quelque part je le fis rentrer en lui-même. Probablement cette preuve sans réplique de mes forces musculaires en dit davantage à la jeune femme que n’importe