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Barras se promenait à grands pas, l’œil et la main fiévreux, il s’agit de faire travailler les consciences politiques, Monsieur le préfet ; l’argent ne vous manquera pas ; mais avez-vous des gens intelligents à lancer sur les pistes ? Songez qu’il s’agit de marteler la cervelle des masses par la persuasion, et nous débarrasser en même temps des personnages dangereux.

— Monsieur le secrétaire, répartit nettement Carlamasse, l’opposition sourde dirigée contre M. le président se reproduit partout ; elle est dans certaines consciences rancunières, dans le livre qui paraît, dans le journal qui se fonde, dans les discussions d’après minuit au café du Rat-Mort, et même dans celles qui se produisent au café Cardinal à l’heure de l’absinthe ; seulement, tant qu’il y aura discussion, la position appartiendra quand même à M. le président, qui peut, demain, reprendre ce qu’il aura perdu hier. J’ajouterai à cela qu’il vient de se manifester en Berry un fait qu’il lui serait facile d’exploiter en regagnant les bonnes grâces du clergé.

Barras se rapprocha ; le préfet, se voyant écouté, poursuivit avec assurance :

— Un ancien conseiller bonapartiste, M. Raimbaut, a causé certain scandale aux catholiques de la petite ville de La Châtre, en employant, pour être élu conseiller général, des manœuvres frauduleuses. Il a offert à l’église des reliques qui ont été reconnues inauthentiques, si toutefois il est