Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.

170
sabine

quelque temps, d’ail dans votre gigot et d’oignons dans votre soupe, n’est-ce pas ?

— Allez au diable avec vos sottises. Je suis autant que vous ici et vous ne m’en ferez pas déguerpir, entendez-vous, l’homme qui lisez la Revue des Deux Mondes au passage Jouffroy ?

— Sacrebleu ! où est le mal, quand j’irais deux fois par mois lire la Revue des Deux Mondes au passage Jouffroy ?

— Je ne prétends pas qu’il y a du mal, je prétends que nous avons chacun nos petites habitudes et qu’il n’y a pas à rire de moi si j’aime la choucroute.

— Idiot ! ne put s’empêcher de murmurer Dumangoin.

— Plaît-il ? reprit le sosie des frotteurs du quartier en se redressant. Vous dites, Monsieur ?

Comme Dumangoin ne daigna point répondre, Krumler tira de sa poche une énorme pipe en porcelaine qu’il se mit à bourrer tranquillement. Au moment où il allait l’allumer, la porte fut ouverte assez brusquement par celui que Dumangoin avait nommé François.

— Allons, allons, décanillons, et plus vite que ça, interjeta le nouveau venu en jetant la canne et le chapeau de Barras sur une causeuse.

— Est-ce qu’il arrive enfin ? demanda Dumangoin sans se presser.

— Et pas de bonne humeur, encore, je vous le promets, répliqua le domestique sans marquer