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en écoutant les discours du curé et des dévotes, pouvait se porter envers elle à de terribles représailles.

— Soit, reprit-elle, je ne veux pas que le sang coule à cause de moi ; assurez M. le maire que je retourne de suite à Paris.

Le soir de ce jour, à onze heures, Sabine arrivait à la gare ; ses gens s’étaient cachés pour ne point l’accompagner. Le capitaine, seul, ne l’avait pas quittée un instant, charmé d’être aux ordres d’une aussi jolie personne.

Mme Raimbaut le remercia sans bégueulerie, sans fausse honte et s’élança souple et légère dans un wagon réservé. Au moment où le train se mettait en marche, quelque chose remua sous ses jupons ; elle se leva croyant à la présence d’un animal quelconque, et poussa un cri en reconnaissant Jonquille.

Le malheureux rapin, désespéré, se jeta aux genoux de Mme Raimbaut.

— Bête, s’écria-t-elle, tu pleures ? bah ! mon garçon, la province, c’est un peu comme l’amour : on l’éprouve, on la subit ; mais, est-il bien nécessaire qu’on en meure ?