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prologue

dans ma chambre à coucher, essayer quelques-unes de mes robes…

— Mâtin, que ça sent bon ! s’exclamait Duvicquet, un quart d’heure après, accoutré dans un des costumes de la comtesse. Que je rends grâce, Madame, à cet estimable embonpoint qui vous caractérise, et me permet d’endosser ce corsage et d’enfiler cette polonaise ! Par exemple, c’est tout de même un peu raide sous les entournures… Aïe !… voilà que ça craque. Mille tonnerres ! ça n’est pas drôle…

— Mais aussi, vous faites mouvoir vos bras comme un tambour-major.

— Si votre robe ne résiste qu’à la condition de ne jamais remuer, donnez-m’en une autre… En admettant, par hasard, que, dans un élan très vif, je me précipite pour ramasser le mouchoir ou l’éventail d’une de ces dames, je suis capable de m’entortiller dans vos jupes.

— Gardez-vous de ramasser quoi que ce soit, c’est l’affaire des esclaves ; vous vous attireriez le mépris de la femme et de la fille du Bey, et ce mépris me serait fatal. La maison vous tomberait sur la tête que vous ne devriez point sourciller. Rappelez-vous qu’il faut expressément garder votre rôle de visiteuse, qui exige une grande lenteur et une modération absolue dans vos mouvements. — À présent, marchez un peu, que je vous voie à loisir. Pas si vite !… Ah ! vous êtes décourageant, à la fin ! Je ne me mêle plus de rien.

Désirant prouver sa bonne volonté, Duvicquet,