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sabine

Elle ne s’arrêta pas à scruter son hésitation et dressa ses batteries.

Ce même jour, le curé, stupéfait, entendait annoncer chez lui Mme Raimbaut. Pendant dix minutes il observa une excessive réserve ; au bout d’un quart d’heure, sa visiteuse le subjuguait, et il avouait le chagrin secret qui le dévorait : la petite chapelle de Saint-Clair enlevait la moitié des offrandes qui auraient dû s’adresser à l’église paroissiale de La C…, dont il était le pasteur.

— Et d’où vient cette rivalité, Monsieur le curé ? interrompit Sabine en paraissant prendre un vif intérêt aux doléances du prêtre.

— Hélas ! Madame, les gens de Saint-Clair sont en possession des reliques d’une sainte dont la châsse nous appartiendrait de droit, pour être offerte en vénération à nos fidèles paysans, et que, par un singulier privilège, ils ont obtenu de Monseigneur l’autorisation de garder ; nous n’avons que des reliques sans aucune autorité, et dont le nom n’éveille aucun souvenir historique, en sorte que…

Ici le curé eut un sourire amer.

— En sorte que, acheva Sabine, les dons en argent et en nature vont à Saint-Clair, en passant par-dessus votre cure.

L’ecclésiastique fit un geste d’assentiment, en étouffant un soupir.

— Et qu’a répondu Monseigneur à vos justes plaintes ? interrogea la jeune femme.

— Il m’a dit : — Mon cher curé, ayez une pa-