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VIII


À l’heure qu’il est, on retrouve encore l’expression de l’idée provinciale dans le commerçant retiré qui a lu Voltaire et qui croit taquiner l’aristocratie, en prenant la vieille épithète de « libéral », en allant faire sa partie aux cafés où l’on reçoit le Siècle et le Constitutionnel. Nulle part les rancunes, les jalousies, les petites rivalités ne sont plus accentuées que dans le milieu bien pensant de la cité départementale.

Petits rentiers, clercs de notaires et d’huissiers, horticulteurs aux gros ventres, propriétaires, maîtres de poste, droguistes, épiciers, commandant de gendarmerie, juge de paix, adjoint, substitut, président de tribunal et assesseurs, commissaires-priseurs, hôteliers, patrons de cafés, tailleurs et marchands de toiles ne s’occupent d’autre chose que de satisfaire de sourdes agressions contre la noblesse ; aussi accompagnent-ils de leurs vœux profonds un gouvernement roturier à la tête du pays, tout en caressant l’espoir de l’aristocratie des alliances. Il faut ajouter à ceux-là une demi-douzaine de radicaux rêvant tous les ans de changer la forme