Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

134
sabine

cœur, je m’apprêtais à partager sa gaieté ; mais son air sérieux m’interdit.

— Une faute énorme ! répétai-je, j’avoue que je suis encore trop bornée pour saisir le sens de vos paroles.

— Je suis très convaincu qu’en effet vous n’entendez pas malice à vos actions ; mais, je vous en prie, que ce soit la dernière fois que cela vous arrive.

— Ah ! c’est trop fort ! m’écriai-je ; vous vous expliquerez, n’est-ce pas ?

— À l’instant. Sachez, ma chère, qu’aux yeux de la ville entière, une femme qui ouvre sa fenêtre ne le fait pas sans avoir l’intention de regarder dehors.

— Évidemment, répliquai-je, prise d’un fou rire.

— Or, quel intérêt une femme comme vous, récemment mariée, d’un abord peu… farouche… — Ici, M. Raimbaut me regarda fixement. — Quel intérêt peut-elle avoir, sinon de jeter un regard de convoitise du côté des hommes qui passent en se livrant devant elle aux réflexions obligeantes que sa jeunesse et sa beauté leur suggèrent, surtout quand on sait que ces réflexions ne sont pas de nature à déplaire à une Parisienne ? Voilà, ma chère amie, le thème au sujet duquel toutes les langues se sont exercées à votre sujet, deux heures durant, aujourd’hui.

— Monsieur, interrompis-je avec hauteur, épargnez-vous ces reportages d’un goût douteux.

— Que voulez-vous que j’y fasse ? Une fenêtre ne peut être ouverte ici sans que celui ou celle qui