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dessus. Songe seulement que les miennes sont fatalement destinées à battre les tiennes en brèche, et sois calme : je ne m’enorgueillis pas d’avance du triomphe.

Quelle singulière chose pourtant ! Me voilà mariée, je ne t’appartiens pas uniquement, je ne suis pas davantage uniquement à mon ogre en chambre de tuteur, et jamais je ne vous ai appartenu si complètement, à l’un et à l’autre. Arrivée à cet endroit symptomatique de ma vie de jeune fille où un monsieur mis correctement m’a dit :

Ne permettrez-vous pas, ma belle demoiselle,
Qu’on vous offre le bras pour suivre le chemin ?


j’ai répondu comme Marguerite ; seulement Marguerite laisse échapper son missel en tombant dans les bras de Faust, tandis que moi, en glissant sur l’oreiller conjugal, j’ai gardé mon missel, — j’entends le livre de mes ignorances où l’on épelle ces mots et ces phrases de convention, après lesquelles sont encore épinglées un grand nombre de mes interrogations. — Tu hausses les épaules, tu t’étonnes qu’il faille encore quelque chose pour satisfaire mes curiosités ? Allons, ma chère, conviens au moins que rien dans le passé ne t’autorise à croire que les miennes soient satisfaites à si bon compte, et qu’il n’existe à présent rien pour moi à approfondir, parce que je suis canalisée dans le mariage. Au vrai, au juste, qu’est-ce donc que ce sen-