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chaque jour ; une femme que Votre Altesse, si parisienne, ne peut négliger de connaître ; car c’est par sa bouche que passent les moindres décisions élaborées en conseil privé au Palais-Bourbon. Eh ! eh ! les relations et rapports de cabinets à cabinets se discutent chez elle ; les bonnes relations de Vienne, de Londres, de Saint-Pétersbourg, peuvent subir de très grands rapprochements encore, être modifiées ou tendues, selon qu’elle soufflera sur Barras. » Et toujours le refrain : — « Oh ! il n’y a qu’elle, il n’y a qu’elle ! — Croyez-nous ; en politique, monseigneur, c’est une personne à connaître. » Le prince, un vrai dilettante, s’est laissé convaincre. Et savez-vous ce qu’accomplissait Alézieux il y a un instant près de Mécénia ? Il lui annonçait tout bonnement pour cette semaine la visite de l’Altesse britannique en ces lieux mêmes, et s’en attribuait le mérite, bien entendu, car il connaît la soif de célébrité de la dame…

— Très fort, excessivement fort, cet Alézieux, interrompirent les deux reporters enthousiasmés. S’il a comme cela des rubriques plein ses poches pour rentrer en grâce chaque fois qu’on se refroidira à son égard… on n’a qu’à compter avec lui.

En cet instant un mouvement général se communiquait aux coins les plus intimes ; les groupes se brisaient, ou se précipitaient vers le premier salon. Les valets rapportaient des lampes, on ravivait le luminaire.

Barras était enfin réveillé.