Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

115
sabine

nus à se glisser jusqu’à la porte du premier salon.

— Lé voici là-bas, jé lé vois, répétait un jeune magistrat à sa femme et qu’à son accent on reconnaissait pour un Marseillais.

— Montre lé-moi, s’exclamait celle-ci en se haussant sur la pointe du pied. Bon ! jé lé vois. Aussi, j’en fais mon affaire dé lui parler.

Et comme elle allait s’élancer dans le salon, elle se heurta au groupe des cinq ou six hommes ayant mission d’empêcher qu’on ne parvînt jusqu’au patron.

— Tu n’as donc pas pu réussir à l’aborder à la Chambre ? demandait alors au jeune fonctionnaire un ami qui servait de cavalier à sa femme.

— Eh ! non. Jé n’ai reçu avis qu’à trois heures dé la démission du président du tribunal civil dé Marseille. Cetté démission laisse un trou dans lé ressort du parquet d’Aix. Si on choisit pour boucher cé trou parmi la magistrature assise, jé suis ratissé ; mais si on choisit dans ceux dé la magistrature débout, j’ai quelque chance.

— Et qui as-tu sollicité aujourd’hui ?

— J’ai vu Jacquin, qui est le grand faiseur. Il m’a dit : « Mon cher monsieur, il n’y a parmi les avocats généraux d’Aix que deux vacations à remplir. » À la façon dont il m’a accentué cette phrase : — « Il n’y a que deux vacations, » — j’ai compris qu’elles étaient déjà occupées et qu’il n’y aurait rien pour moi dans la section des avocats généraux.