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point demandé à s’y montrer. L’homme du monde perçait cependant en lui sous l’ancien factieux, qui imposait, mais qui n’en imposait pas. Quelque frondeur qu’il se révélât, on ne pouvait le confondre avec les démocs purs qui erraient à travers le salon. Il y avait de l’allure en lui ; et le rejet de sa tête en arrière, ou sa pose légèrement théâtrale, comme celle de tout homme fait pour commander ou parler aux masses, semblait déjà arrêter son mouvement ou son attitude dans l’histoire.

Il disparut, laissant l’écho de sa note violente dans ce milieu de paroliers pâteux et mellifus. L’homme de lettres, assez désorienté, s’en fut promener son désœuvrement ailleurs.

Au nombre des grotesques honorables qui se rencontraient chez Mécénia, — ainsi que l’on désignait en petit comité l’amie de Barras, — se trouvaient les gens qui picoraient à la politique, comme les insectes après une feuille, les naïfs qui croyaient au chauvinisme de la « dame », les républicains sectaires qu’on évinçait le plus possible, mais qu’on n’osait renvoyer complètement, hôtes gênants qui voyaient le dessous des cartes ; enfants terribles qui, si on leur avait épargné les truffes et les égards, auraient été capables de crier d’un bout du salon à l’autre :

— Tu sais, Mécénia, faut pas nous la faire !

À chaque angle des salons, se reconnaissaient les groupes parsemés de l’espèce désignée sous la rubrique des « pourris de chic », aussi décomposés à