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lixe, reprit Rémy. Sachez-le donc : ceux que Mécénia tient sous une domination acceptée l’auront pour alliée dans la mêlée du « passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné ». Mais si la démocratie est bien vue au ministère, je puis vous certifier qu’un titre authentique sonne mieux aux oreilles de Mécénia qu’une réputation de brave républicain. Seulement elle n’a pas toujours été ainsi. Je l’ai vue à Genève entourer le col d’un de nos plus fougueux journalistes en murmurant sentimentalement : — Ah ! comme je l’aimerais si je n’aimais pas tant mon Abel ! — Abel, vous le savez, c’était son second mari préfet de police en 1870. Moi, si franchement allié que je sois avec elle, j’évite de me laisser dicter ses colères, ses coups de pattes, ses tentatives contre la réputation de celui-ci ou de celle-là. C’est à d’autres qu’elle confie ses indiscrétions et ses petites rancunes, attendu que Mécénia aime à retrouver signées, le lendemain, d’un autre nom que le sien, les attaques qu’elle dirige contre les gens qu’elle jalouse. — Je l’accepte comme renfort dans les questions exigeant un certain emmagasinage de choses déjà clichées, un fait ou une date, par exemple. Mais je ne suis pas un gobeur de copie, et elle ne me roulera pas.

Et le journaliste ajouta à voix basse :

— Lorsque j’aurai pris position, je la lâcherai. Il est des liaisons qu’on ne doit point garder trop longtemps. Là-dessus, je vous quitte, très cher, et rappelez-vous attentivement de ne sauter d’un bond dans l’intimité de personne. Vous porteriez ombrage.